Programmes de recherche
Collecta
Collecta, Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1711)
Ce projet s’inscrit dans le champ des humanités numériques. Il explore les ressources de l’informatique, du design d’interface pour mettre à disposition des chercheurs l’une des plus riches collections documentaires jamais accumulées sur l’histoire des familles, des territoires et du patrimoine français des périodes médiévale et moderne : la collection Gaignières, fruit du travail d’un « antiquaire » du XVIIe s, collection aujourd’hui dispersée dans différents lieux de conservation.
Tout à la fois voyageur et homme de cabinet, François-Roger de Gaignières (1642-1715) a eu l’idée, fondamentalement novatrice pour son temps, d’effectuer un inventaire archivistique, archéologique, artistique et sociologique de la France dans son contexte européen, voire extra européen (jusqu’à la Chine). Il copie et relève dans la moitié nord de la France ou compile pour les lieux qu’il n’a pas visités des milliers de sources textuelles et figurées qui constitueront sa documentation. Quarante années durant, assisté par son dessinateur et son copiste-paléographe, il fixe sur le papier les monuments et les paysages alentour, soucieux de décrire un monde qui pourrait disparaître. Archiviste inspiré, il invente un système de classement conforme à sa vision encyclopédique de l’histoire en prise avec son territoire. Par un système de copies à l’identique répondant à divers classements topographiques, institutionnels, familiaux, armoriaux ou thématiques (costumes, chansons, proverbes), Gaignières multiplie les mises en série en variant les échelles d’observation et en donnant vie à sa documentation. Du XVIIIe siècle (Montfaucon 1727) à nos jours, sans discontinuité, les érudits (et au XIXe siècle, des artistes) utilisent ses copies et ses relevés comme substituts des originaux perdus, palliant la disparition massive des sources primaires.
Le projet a fait l’objet de trois phases de financement dont la troisième est en cours.
1re phase : 2014-2017
Financement HéSam Université de 2014 à 2016, puis en 2017 par l’École du Louvre, l’Equipex Biblissima, l’IRHT-CNRS, le Consortium Sources médiévales (Humanum) et la Fondation Balzan en la personne de M. Zink (prix Balzan en 2007).
Afin de re-générer une vision globale, à la suite des travaux menés sur l’organisation et les classements de la collection (Ritz-Guilbert 2016) et à la faveur de la mise en ligne sur Gallica des anciens inventaires et d’une partie des documents conservés à la BnF, une équipe constituée d’historiens de l’art (École du Louvre), de designers d’interface (Paris 1) et d’informaticiens a conçu une base de données qui reconstitue virtuellement la collection Gaignières. Collecta, Archive numérique de la collection Gaignières (https://www.collecta.fr/ mise en ligne en novembre 2017) rétablit les séries élaborées par l’antiquaire, reconstitue les liens entre les documents et considère la fortune critique et artistique de la collection à travers ses copies et usages ultérieurs. L’interopérabilité des données crée aussi des liens avec les bases de données existantes dans le paysage actuel du web.
2e phase : 2018-2022
Financement de l’Agence nationale de la Recherche (ANR-18-CE27-0003, projet ANG-G : Archive numérique géolocalisée – collection Gaignières Archive Numérique Géolocalisée: la collection Gaignières | ANR) et de la Région Ile-de-France au sein du Domaine d’Intérêt Majeur - Science des textes Connaissances Nouvelles (DIM – STCN) DIM Sciences du Texte et Connaissances Nouvelles (dim-humanites-numeriques.fr).
Cette deuxième phase a permis deux développements relevant des questions d’espace et de territoire.
Le premier développement a consisté en la refonte du site afin d’introduire la recherche cartographique de données géolocalisées.
Le second développement a abouti à la création d’une application mobile (Androïd et iOS) de science participative « Sur les pas de Gaignières ». Grâce à cette application, une enquête d’envergure a débuté « in situ » afin de collecter des photographies des sites visités par Gaignières et des données géolocalisées permettant de restituer le ou les points de vue choisis par l’antiquaire. Ainsi sera-t-il possible pour les historiens de mesurer l’évolution de l’état du patrimoine depuis le XVIIe siècle et d’explorer la question de l’histoire des points de vue et celle des modalités de représentation. L’application permet en outre aux internautes de redécouvrir leur région à travers les yeux d’un antiquaire du XVIIe siècle.
3e phase : 2024
Financement de l’Equipex Biblissima+ en partenariat avec l’IRHT-CNRS, l’EPHE et la BnF.
Le projet en cours est consacré aux sceaux dessinés des recueils d’histoire ecclésiastique collectés par Gaignières lors de ses dépouillements de chartriers monastiques. Copiant les actes, ce dernier a systématiquement indexé les noms des acteurs et des lieux cités, noté la date et fait relever très précisément les sceaux appendus dont il a décrit la matérialité (matière, couleur et attache). Ce corpus représente une masse importante de dessins d’empreintes, dont les originaux ont disparu et ne sont plus documentés que par ces relevés encore inédits ou très peu valorisés à ce jour. Or, en tant qu’empreinte de cire produite à partir de la matrice d'un sigillant et appendue aux actes pour les valider, le sceau est un témoin majeur de l’évolution sociétale et iconographique du Moyen Âge.
Chaque dessin traité et indexé dans la base de données Collecta est mis en relation avec la base Sigilla Base numérique des sceaux conservés en France | SIGILLA– dédiée aux sceaux (EPHE) –, la base d’autorités de personne Bibale (IRHT) Bibale - Accueil (cnrs.fr), et la base iconographique Mandragore (BnF) Accueil | Mandragore (bnf.fr).
SATHMA
Corpus numérique de la sculpture de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge (Ive-Xe siècles) SATHMA du recueil au corpus numérisé.
Anne-Bénédicte Mérel-Brandenburg, membre du Centre de recherhe de l'École du Louvre, docteure en histoire de l'art et archéologie ; Pierre-Yves Le Pogam, conservateur général du patrimoine, département des sculptures, musée du Louvre, Anne Flammin, ingénieure de recherche (UMR 5189 – ARAR)
Amorcé en 1965 sous l’égide de Jean Hubert et André Grabar, et très partiellement publié par le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) sous le nom de Recueil général des monuments sculptés en France pendant le Haut Moyen Age (IVe–Xe siècles), l’inventaire de la sculpture haut-médiévale française a été mené jusqu’en 1984 par une équipe du Centre national de la recherche scientifique. Mobiliers liturgiques, éléments architectoniques et sculpture funéraire jouent un rôle majeur pour la connaissance d’une production artistique qui forme un jalon primordial dans la plastique médiévale occidentale. Seuls 4 volumes (portant sur 7 départements) ont paru, alors que l’équipe avait réuni une documentation considérable encore inexploitée, reflétant une expérience et une méthodologie caractéristiques des années 1960-1980.
Conservées au département des sculptures du musée du Louvre à Paris, ces archives constituent un fonds patrimonial scientifique exceptionnel que ce programme valorise. Ainsi depuis 2017, le corpus a été relancé dans le cadre du Centre de recherche de l’École du Louvre (Anne-Bénédicte Mérel-Brandenburg, chercheur), en partenariat étroit avec le département des Sculptures du musée du Louvre qui conserve les archives (Pierre-Yves Le Pogam, conservateur général du patrimoine, et Vincent Rousseau, chargé d’études documentaires) et le CNRS l’UMR 5189 – ARAR (Anne Flammin, ingénieure de recherche), l’UMR 6298 ArTeHis [Christian Sapin, directeur de recherche émérite, Pascale Chevalier, professeur des Universités à l’université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand, Arnaud Millereux, informaticien]. Il s’inscrit dans le cadre des humanités numériques, par la dématérialisation du fonds documentaire initial, et la création d’une base de données numérique, nouvelle forme éditoriale scientifique.
A ce jour, la documentation constituée dans les années 1970-1980 par l’équipe du CNRS, a été numérisée à 80% soit 19 000 documents. Elle sera profondément enrichie, grâce aux fouilles menées depuis une trentaine d’années, ce qui impliquera le concours des conservateurs, des propriétaires, des inventeurs et des chercheurs associés en raison de leurs compétences et de leur connaissance particulière de sites ou régions. Depuis 2023, lauréat de deux appels à projets l’un de la Fondation des Sciences du Patrimoine en 2022 (2023) et l’autre du Groupement d’intérêt scientifique Collex-Persée 2021-2022 (2023-2024), l’équipe du projet SATHMA, s’est consacré au développement de la base de données, un portail web qui combine une interface de travail pour les scientifiques et un espace de consultation ouvert à tous, permettant la recherche approfondie dans un corpus iconographique de plusieurs milliers d’objets. La consultation s’appuie notamment sur un vocabulaire contrôlé (thésaurus Pactols) et une bibliographie en ligne (Zotero).
Les documents photographiques sont versés dans la base de données SATHMA (Heurist). À terme cette base encours d’enrichissement sera compatible avec la majorité des bases patrimoniales. Ainsi des œuvres démembrées et dispersées retrouveront leur contexte originel et la communauté scientifique possédera un outil de référence, indispensable à la recherche, au même titre que nos voisins. Hébergée par Huma-Num, la maintenance sera assurée par les équipes d’Huma-Num et éventuellement celle de la MOM.
Des rencontres et des ateliers de recherche sont prévus annuellement.
En septembre 2020 des journées d’études se sont déroulées à l’École du Louvre et au musée du Louvre. Intitulées « "Classique et Barbare", La sculpture de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, Du Corpus aux humanités numériques », financées par l’Ecole du Louvre, le musée du Louvre, le CNRS ; elles proposaient un bilan de l’avancement des corpus et de la recherche en Europe. Les actes ont été publiés dans les Cahiers de l’École du Louvre n°17, à l’occasion des journées de la recherche en 2021. En 2022, atelier et expertise ont eu lieu au musée d’Autun.
Depuis janvier 2024, la base de données est opérationnelle (interface saisie) et devrait être accessible à un large public en novembre 2024.
Il est donc envisagé le recrutement de collaborateurs pour développer (design...structure...) la partie web-Heurist du corpus ; le recrutement de stagiaires universitaires à Lyon et à Paris (EDL/département des sculptures, musée du Louvre) pour participer à l’enrichissement de la base à terme 9000 fiches.
Un carnet Hypothèse informe de l’avancement du projet et des nouveautés en archéologique : https://corpussathma.hypotheses.org/
Musées engagés et publics participatifs
Responsables scientifiques :
- Mathias Blanc, docteur en histoire de l’art, chercheur, Université du Luxembourg, membre associé du Centre de recherche de l’École du Louvre
- André Delpuech, conservateur général du patrimoine, École des hautes études en sciences sociales
- Jacqueline Eidelman, conservatrice générale du patrimoine honoraire, membre associée du Centre de recherche de l’École du Louvre
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Anik Meunier, professeure, Université du Québec à Montréal
De plus en plus couramment, de part et d’autre de l’Atlantique, des musées mettent en œuvre des expositions et des projets culturels qui visent l’intervention sociale et la lutte contre toutes les formes d’exclusion. Au Canada, leur action relève notamment du programme gouvernemental Vérité et réconciliation, des principes Equité-diversité-inclusion-décolonisation (ÉDID) ou des approches Décolonisation-réconciliation-autochtonisation (DRA). En France, le Plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine leur sert d’ancrage. Dans les deux cas, les démarches demeurent marquées au sceau de l’inclusif et du collaboratif. Ainsi que nombre d’études et réflexions en témoignent, le musée du 21e siècle sera engagé et participatif ou ne sera pas.
Le séminaire doctoral conjoint École du Louvre/UQAM se concentre donc sur la thématique « Musées engagés et publics participatifs ». Il aborde des questions liées aux enjeux du musée citoyen, à la médiation et la post-médiation, à l’« agentivité » des publics, aux attentes de l’engagement, aux potentialités et aux écueils de la participation, aux commissariats collaboratifs,...etc. Il est l’occasion de s’intéresser à la faisabilité d’un programme européen d’expositions qui poursuivrait un double objectif : présenter une archéologie du racisme et de ses différents modèles conceptuels, donner à voir et à partager des contre-discours portés par les arts et la création.
Chaque séance est organisée par l’un des membres de l’équipe enseignante ; une séance est confiée aux doctorants ; une journée internationale annuelle de clôture se tient à l'étranger.
Nouveaux usages des collections en musées d’art
Programme de recherche : Des nouveaux usages des collections en musées d’art
École du Louvre : Cecilia Hurley (co-chercheuse)
2021-2028 (en partenariat)
L’École du Louvre est l’un des partenaires d’un projet pluriannuel (2021-2028) porté par la chaire de recherche sur la muséologie citoyenne à l’université de Montréal (Professeure Joanne Lamoureux) et financé par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH).
Le projet réunit des chercheurs dans des institutions canadiennes (Université de Montréal, Université du Québec à Montréal, Université du Québec en Outaouais, Université Laval), françaises (École du Louvre, Université Sorbonne Nouvelle-Paris III, Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis), belge (Université de Liège) et suisse (Université de Neuchâtel). À cette équipe s’associent six musées québécois et canadiens, à savoir le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC), le Musée d’art de Joliette (MAJ), le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), le Musée McCord-Stewart (MMCS), enfin le Musée national des beaux-arts du Québec (MnBAQ).
Le projet porte sur les nouveaux usages des collections permanentes dans les collections de beaux-arts, sur une période de cinquante ans (depuis la fin des années 1960s). Il s’articule autour de quatre grands axes : une étude diachronique des expositions depuis 1960, qui examinera les activités et les habitus muséographiques (La collection exposée) ; le tournant participatif par lequel le(s) public(s) s’implique(nt) de plus en plus activement dans la préparation et la médiation des activités muséales (La collection engagée) ; les pratiques de muséalisation modifiées (La collection élargie) ; les infléchissements induits par l’arrivée du numérique et l’importance grandissante des réseaux-sociaux (La collection partagée).
Colloques, journées d’études et ateliers de recherche vont rythmer le projet ; l'École du Louvre y participera. De même, les étudiants de l'École du Louvre, et la co-chercheure, vont participer activement aux publications prévues dans le cadre de ce projet, et notamment à une grande encyclopédie en ligne.